Vous avez dit logiciel libre ?
Libreon propose un ensemble de services web basés sur des logiciels libres. Par exemple un Cloud grâce au logiciel NextCloud, pour héberger et partager vos données, ou encore, le service Meet avec Jitsi afin de réaliser des vidéoconférences.
Ces services sont des alternatives à des logiciels existants, comme ceux de Google ou Microsoft. Contrairement à Skype, Hangout, Google Drive et consorts, les logiciels libres possèdent certains avantages. Nous allons voir ici à quoi correspond un logiciel libre et les différences par rapport à un logiciel non libre.
Qu'est-ce qu'un logiciel libre ?
Selon la Free Software Foundation, un logiciel (ou programme) est considéré comme libre, s'il confère quatre libertés irrévocables à ses utilisateur⋅ices :
- la liberté d'exécuter le programme ;
- la liberté d'étudier le fonctionnement du programme et de le modifier ;
- la liberté de redistribuer des copies du programme (les donner ou les vendre) ;
- la liberté d'améliorer le programme et de distribuer ces améliorations au public.
Ces libertés requièrent l'accès au code source du logiciel, c'est pourquoi il est courant de parler de programmes « open source ».
Littéralement, open source signifie « code source ouvert ». Toutefois, on utilise couramment ce terme anglais pour désigner les logiciels libres.
Une alternative aux logiciels propriétaires
L'usage des logiciels libres est régulièrement pratiqué en opposition au fonctionnement des services dits « propriétaires », détenus par des entreprises lucratives et les multinationales du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Les programmes libres sont répandus comme étant des solutions respectueuses des utilisateur⋅ices, de leurs données et de leur vie privée.
- Principe nº1 : ne pas exploiter ni transmettre les données des utilisateur⋅ices
Les géants du numérique exécutent des modèles d'affaires basés, notamment, sur la revente de statistiques collectées auprès de leur (grand nombre) d'utilisateur⋅ices. Ces données privées sont récoltées et forment une masse d’informations que des entreprises sont prêtes à racheter pour des sommes significatives. C'est ce qu'on appelle le business du « Big Data ». Le prix de vente de ces masses de données dépend de la fiabilité des analyses qu'il est possible d'en dégager. Cette dernière augmente lorsque la quantité de données récoltées et le nombre d'utilisateur⋅ices s’accroissent. Autrement dit, le marché du Big Data gagne en valeur proportionnellement à son pouvoir de prédiction de diverses tendances (de consommation, d'intérêts politiques, etc.). Les dernières répercussions les plus médiatisées sont certainement celles liées aux élections américaines avec Barack Obama en 2012, puis Donald Trump et l'affaire Cambridge Analytica en 2017.
- Principe nº2 : ne pas utiliser d'espaces publicitaires, ni les services de pistage à des fins commerciales
Naviguer sur internet signifie laisser des traces qui peuvent être pistées : par exemple la succession de sites visités, le type de contenu que vous aimez, la langue choisie, votre localisation, ou toute autre information que vous communiquez (sans forcément les transmettre volontairement¹ avec un formulaire à remplir). Les pisteurs les plus connus sont les « cookies » qui suivent votre comportement non seulement sur le site que vous consultez, mais aussi sur d’autres sites que vous allez consulter par la suite : plutôt salé, n'est-ce pas ?
Il est courant que des entreprises cherchent à mieux comprendre vos préférences grâce aux cookies pour personnaliser le contenu à vous proposer, qui ne se résume pas aux annonces publicitaires².
Dans le cas de Libreon, nous utilisons des logiciels de pistage libres seulement pour savoir comment les utilisateur⋅ices sont parvenues sur nos sites.
N.B¹,² : nous aurons l'occasion d'aborder les notions du consentement et de l'entre-soi sur internet au travers de prochains articles.
- Principe nº3 : ne pas capter et exploiter au maximum l’attention
Dans un contexte économique agressif et à but lucratif, les designers du numérique ont tendance à concevoir des outils et services qui enchaînent leurs utilisateur⋅ices. Ils développent des mécanismes addictifs, voire de nocifs, incitant à revenir ou rester des heures sur leur application. Les exemples contemporains les plus populaires sont le lancement automatique de l’épisode suivant sur Netflix, le défilement infini sur Facebook ou Twitter (du fil d’actualité), ainsi que l'ergonomie des jeux mobiles. Le but de ces services est essentiellement de divertir et de garder connecter, mais est-ce que cela est dans l’intérêt des utilisateur⋅ices ? Est-ce que cela est respectueux de leurs besoins ? Est-ce éthique³ ?
N.B³ : nous avons là de quoi produire un article spécifique à ces questionnements !
Afin de respecter ces principes, l'une des caractéristiques fondamentales du format libre est d'accorder le contrôle aux utilisateur⋅ices grâce à l'open source. Concrètement, les codes sources sont régulièrement relus par des communautés de développeurs∙euses. Ainsi, cette logique collaborative rend peu probable l'intégration et le maintien de fonctionnalités cachées et malveillantes⁴ dans un logiciel. Un gage de qualité d'un service libre repose donc sur le nombre de contributeur∙ices pour contrôler le code, signaler des dysfonctionnements et faire des suggestions. Par exemple, le code source de NextCloud est consultable sur Github: https://github.com/nextcloud/server. Il y a 738 contributeur∙ices, qui ont écrit des lignes de code, et 13 100 personnes qui suivent le projet (cf. le nombre de « stars »).
N.B⁴ : le niveau de sécurité relatif à tout logiciel informatique est complexe et pourrait faire l'objet d'une série d'articles.
Une naissance dans l'opposition mais pas que...
Le « libre » n'est pas seulement apparu en critiquant des logiciels propriétaires.
Selon son initiateur, Richard Stallman, il caractérise même un mouvement social accordé sur les valeurs de Liberté, Égalité, Fraternité. Depuis l'avènement du numérique, il existe une multitude d'acteur⋅ices qui se reconnaissent dans ces valeurs et les déclinent en des engagements forts, tels que la mise à disposition de solutions respectueuses des internautes et la réduction de la fracture numérique.
Prochainement, nous vous ferons découvrir le collectif des CHATONS 😺 et son manifeste pour détailler les enjeux de la vie numérique. A très vite !
😺 = Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires
En attendant et pour aller plus loin :
- Le Big data et la démocratie : « Marketing politique : Démocra-ciblée » l'épisode 68 de DATAGUEULE.
- L'attention et le numérique : « Temps de cerveau disponible » de la série (Tr)oppressé, réalisée par ARTE.